Quel est donc ce petit monstre vert de seulement quelques centimètres de long et qui peut détruire des forêts entières de frênes ? C’est l’agrile du frêne, un coléoptère très envahissant dont la présence a été détectée à l’été 2011 à Montréal.
Mais c’est surtout la larve de l’agrile qui cause les plus gros dommages et détruit les frênes en se nourrissant d’une couche située sous l’écorce appelée phloème. Une fois la couche détruite, la sève ne circule plus et l’arbre se meurt.
Le cas est si grave que l’état du Québec a mis en place des procédures et un traitement spécifique pour lutter contre l’agrile. En effet, les frênes occupent une place importante dans le paysage urbain et rural et on les trouve couramment le long des rues et dans les forêts du Canada.
La perte de tous ces frênes a des impacts économiques, environnementaux et sociaux catastrophiques. Alors des milliers de dollars sont investis au Canada pour tenter d’éradiquer l’agrile du frêne.
Il est urgent d’agir vite et des recommandations ont été dressées par les villes et les citoyens qui peuvent être sanctionnés d’une amende si le règlement n’est pas respecté.
D’où vient l’agrile du frêne ?
L’agrile est originaire d’Asie du Sud-Est mais on le retrouve aussi en Chine, au Japon, en Corée et en Russie. Il a été découvert récemment, en 2002, en Amérique du Nord, dans les villes de Windsor (Ontario) et de Détroit (États-Unis).
Il a déjà causé la perte de plus de 75 millions de frênes aux Etats-Unis. Cet insecte s’est propagé au Canada via le transport international du bois et l’agrile a fait sa première apparition en juillet 2011 à Montréal.
Si on ne fait rien, plus de 200 000 frênes publics sont menacés d’être détruits par l’insecte d’ici une quinzaine d’années.
Les symptômes des frênes attaqués
Il n’est pas si facile de détecter l’agrile du frêne mais voici quelques signes qui ne trompent pas (attention lorsque ces signes sont visibles à partir du sol il est trop tard pour sauver l’arbre) :
- Le dépérissement du feuillage de la cime car la sève ne circule plus jusqu’au sommet de l’arbre.
- Des trous en forme de «D» majuscule creusés par les larves pour sortir de l’arbre lorsqu’elles deviennent adultes.
- Un dépistage par écorçage qui consiste à prélever des banches à la cime du frêne pour y chercher des empreintes caractéristiques des larves d’agrile : des galeries en forme de « s ».
Des stratégies d’intervention
Plusieurs actions sont menées par les villes qui permettent de dépister la présence des agriles afin de préconiser un programme de lutte plus efficace.
Dépistage à l’aide de pièges collants
La technique consiste à installer des pièges collants de couleur munis d’un attractif e Z-3-Hexenol qui imite l’odeur des feuilles des végétaux. La couleur verte est plus efficace pour capturer les agriles mâles alors que la couleur violette serait plus efficace pour capturer les femelles.
Depuis 2012, une cinquantaine de pièges ont été installés chaque été sur l’ensemble du territoire de Québec. Depuis 2016, les pièges collants ont été remplacés par des pièges à entonnoirs plus performants.
L’abattage des frênes
L’abattage permet de réduire la propagation des foyers d’infestation et c’est la stratégie adoptée par la Ville de Montréal. Le bois est ensuite transporté vers des sites de traitement afin de d’éradiquer les insectes.
Les injections de pesticide TreeAzin
Ce pesticide est très peu toxique pour l’environnement et sans danger pour la santé humaine ou les animaux domestiques mais l’utilisation doit être contrôlé par un expert. Ce produit stoppe le développement des larves et réduit la fertilité des femelles. Seuls des professionnels peuvent administrer ces injections qui doivent être répétées tous les deux ans.
Un plan d’action en constante évolution
Ce plan est réévalué chaque année pour tenir compte des dernières connaissances scientifiques sur l’insecte et de l’état de la situation de l’infestation. Chaque citoyen a le devoir de signaler tout frêne présentant des signes de dépérissement en communiquant l’information à son bureau d’arrondissement ou à l’ ACIA (Agence canadienne d’inspection des aliments).
Pour obtenir de plus amples renseignements vous pouvez consulter le site Internet de BioForest Technologies Inc.
Rôle de l’ACIA
Depuis le 26 avril 2013, l’agrile du frêne a été ajouté à l’Annexe II du Règlement sur la Protection des Végétaux (RPP). Les zones réglementées pour l’agrile du frêne sont officiellement établies dans la directive de l’ACIA D-03-08.
Conformément à la Loi sur la protection des végétaux, l’ACIA a la responsabilité d’empêcher l’introduction ou la propagation au Canada de phytoravageurs en proposant des mesures :
- réglementer le déplacement du bois
- veiller à appliquer la loi
- exercer une surveillance des sites à risque élevé
- assurer une communication afin de sensibiliser les citoyens
- soutenir la recherche
Lorsque l’agrile du frêne est détecté, l’ACIA établit une zone réglementée en remettant un avis d’interdiction de déplacement du bois. Les véhicules ayant été utilisés pour transporter une ou plusieurs de ces matières sont aussi réglementés.
Attention, toute personne qui ne respecte pas la réglementation ou qui transporte du bois hors de la zone réglementée peut se voir sanctionner d’une amende conformément à la loi sur la protection des végétaux (LPV) :
- Une sanction pouvant atteindre 15.000 $
- Une sanction pouvant atteindre 250.000 $ en cas de récidive ou d’infractions graves.
Des exemples concrets de replantation de frênes
En prévention, les frênes de la forêt urbaine de Limoilou, des quartiers de Lairet et Maizerets ont été remplacés progressivement par d’autres essences d’arbres, bien qu’aucun insecte n’ait été détecté dans les pièges entre 2012 et 2015.
L’exterminateur antiparasitaire ne traite pas directement les argiles du frêne mais peut détecter leur présence et conseiller pour toutes les démarches à effectuer.